Mon Histoire : l'hospitalisation et son déroulement

    Voici la partie qui est la plus importante à mes yeux, celle-ci décrit le plus précisément possible chaque étape de mon hospitalisation, mon souhait est de permettre à toute personne de pouvoir se projeter dans la situation de l'opération afin de la vivre le mieux possible lors de sa réalisation.

    J'ai tenu à décrire ces moments sous la forme d'un tableau reprenant jour par jour depuis l'entrée à l'hôpital jusqu'à la sortie, les détails suivants y sont précisés :
- les soins apportés
- la douleur ressentie
- les différents commentaires sur mon état ou mes impressions

La date d'entrée à l'hôpital est le Lundi 19 Mars 2007 et la date de sortie le Vendredi 30 Mars 2007

Jour Soins Douleur Commentaires
Lundi 19

- Radio des poumons
- Pose du cathéter
- Prise de sang

aucune

Dès l'arrivée, l'impression de se faire un petit peu "sauter dessus" : les infirmières défilent, questionnaire sur les différentes allergies médicamenteuses connues ainsi que sur mes goûts alimentaires (au hasard: si vous n'aimez pas le poisson, cela évite qu'ils vous en servent dès votre premier repas).

Tout va bien pour le moment, juste le stress est au rendez-vous, angoisse de la première nuit seul dans le lit peu douillet de l'hôpital.

Premier rendez-vous avec un anesthésiste, qui m'explique rapidement le déroulement de l'opération, puis un ou deux tests rapides et enfin il me donne les recommandations préopératoires (comment se laver, etc...)

Mardi 20 - Scanner de la cage thoracique (injection d'iode pour le scanner)
- Echographie
- Prise de sang
- Ablutions à la "Bétadine"
- "Bétadine Gel" dans les narines
aucune

J'ai appris après, que l'anesthésiste m'a trouvé tellement tendu avant le scanner qu'il m'a donné de quoi me "détendre", merci à lui, il parait que j'ai carrément ronflé pendant le scanner ! Sensation étrange de l'iode qui se promène en soi : j'étais tellement shooté que j'avais en tête l'image d'un dragon de feu qui parcourait mon bras jusqu'a me réchauffer toute la cage thoracique ! hum hum... L'examen en tant que tel n'est en rien douloureux, une simple formalité, seul détail: il faut bloquer la respiration pendant un certain temps et j'ai eu peur de ne pas réussir à tenir...

Le soir: rasage du torse avec une tondeuse mise à disposition par les infirmières (heureusement que mon amie était là pour m'aider, ce n'est pas si évident que cela), je me suis également rasé sous les bras, ainsi que l'aine de chaque côté.

Mercredi 21

Jour de l'opération

Préparation :
- Ablutions à la bétadine
- "Bétadine Gel" dans les narines
- Mise de la chemise d'opération
- Prise de cachets "calmants"

Une fois endormi :
- Injection de l'anesthésiant général
- Mise en place d'une voie centrale
- Mise en place d'un deuxième cathéter
- Mise en place de deux drains thoraciques
- Mise en place d'une sonde urinaire
- Installation d'une pile cardiaque reliée au coeur par électrodes

difficile à définir

lors de mon réveil, une personne me demande si j'ai mal, puis après un signe de ma part règle la dose de morphine

Finalement, le temps nous manque pour angoisser: on se lève, on se lave, puis on se met de la bétadine gel dans les narines (ça fait bizarre mais ca désinfecte...), on commence à s'allonger puis les cachets font rapidement effet. Mon opération est prévue pour 11h30 et je suis déjà dans les "vap" à 10h00. L'anesthésiste fait son office, puis je suis transféré au bloc : 4 heures d'opération dont 90 minutes d'arrêt du coeur.

Une fois l'opération terminée, je suis transféré au service de réanimation, premier réveil : peu de souvenirs de cet instant, je ne me souviens que d'une image lumineuse floue, les voix de mes parents et de ma compagne qui me disent : "tout s'est bien passé, tu es tout neuf" (la présence de mes parents et de ma compagne est autorisée en réanimation), je ne me souviens pas beaucoup de cet instant, mais je sais que cela a été ma première réelle détente, au fond de moi, le noeud de stress intense commençait à se défaire. Je sens dans ma trachée le tube respiratoire qui prend le relais le temps que mon corps reprenne le dessus, cette sensation est assez désagréable et déclenche une sensation de soif car je ne puis fermer la bouche ne serait-ce que pour humecter mes lèvres.

Les drains sont des sortes de tubes implantés dans le thorax afin d'extraire tout rejet du corps après l'opération (sang,...), la sonde urinaire sert à ... ne pas se lever pour aller aux toilettes, inutile de dire que cela tombe bien car vous n'êtes pas trop en état.

Jeudi 22

- Perfusion alimentaire (mélange d'eau et de sucre)
- PCA : pompe à morphine
- Mise sous surveillance cardiaque

Forte mais prise en charge

Je suis sorti du service de réanimation pour retourner dans ma chambre en fin de matinée, je suis réveillé et heureusement pour moi, je suis équipé d'une pompe à morphine : celle-ci me permet de m'auto-administrer un "anti-douleur", sans cela je ne sais comment j'aurais vécu cette douleur déjà assez prenante avec.

On me confirme plusieurs fois que l'opération s'est merveilleusement bien déroulée, que mon coeur est en parfait état, que ma valve pulmonaire était en parfait état et apte à remplacer ma valve aortique.

Les visites ne sont pas vraiment autorisées, ma compagne a pu me voir durant cinq minutes maximum.

La surveillance cardiaque est assurée par un simple moniteur qui vérifie les battements du coeur grâce à trois électrodes reliées à des points stratégiques du corps. Seul petit point désagréable : trois fils partent de votre corps jusqu'à un petit boîtier, l'avantage est que ces trois fils ne sont reliés qu'à la surface du corps et ne le transpercent pas, ouf...

Le Professeur BOZIO chargé de me suivre régulièrement fait une première échographie et je l'entend dire aux internes qui suivaient ces faits et gestes que le Professeur Ninet qui m'a opéré a un don véritable pour les opérations du coeur, il a réalisé ce que peu de personnes en ce Monde sont capables de faire, la chirurgie pourtant extrêmement délicate et minutieuse a été réalisée à la perfection, je représente la meilleure réussite possible de cette opération de "Ross".

Un grand MERCI Professeur NINET, je vous dois la vie !

Vendredi 23

- Enlèvement de la pompe à morphine
- Enlèvement des drains thoraciques
- Enlèvement de la voie centrale
- Enlèvement de la pile cardiaque

Forte
mais largement amplifiée par mon stress et mon angoisse

Nuit blanche, je n'ai réussi à fermer l'oeil qu'une heure environ, je suis fatigué et énervé.

Je crois que j'ai du faire le plus grand "plane" de ma vie grâce à la pompe à morphine, heureusement que celle-ci a un système de contrôle automatique évitant la surdose, d'après les soignants, j'avais quand même réussi à atteindre la limite et il était temps de me la débrancher afin que je me concentre sur ma redescente sur Terre...

Les visites sont autorisées dès 11h30 le matin, jusqu'à 20h00 le soir, pas plus de trois personnes en même temps. Heureusement car chaque visite est très fatigante, en plus, j'ai du mal à retrouver ma voix, la gorge me fait un petit peu mal à cause du tube respiratoire mise en place pendant l'opération.

Le plus dur pour moi a été l'expérience des drains dans le thorax , je ne connaissais pas cela avant. En fait, je sais aujourd'hui que j'ai plus souffert à cause de mes angoisses que de la douleur elle-même, mon niveau de stress était tel que je respirais à peine. Heureusement, une des meilleures amies de mes parents était en poste à cet hopital et venait me voir souvent, lorsqu'elle m'a vu dans cet état, elle m'a aidé à me détendre car je stressais inutilement ! De plus, elle est restée à mes côtés jusqu'à ce que l'on vienne m'enlever les drains, ceux-ci n'évacuaient plus grand chose donc il fut possible de les enlever. Ceci fut mon premier grand soulagement de douleur. J'ai appris après que ceux-ci étaient de "petits" drains, glups ! L'interne chargé de m'enlever les drains referme les plaies avec des fils. Je dois être douillet... J'avoue trouver bizarre les électrodes reliées au coeur, on m'enlève la pile, mais je conserve temporairement les électrodes...

Je commence à reprendre mes esprits. Bienvenue sur Terre !

Samedi 24 - Divers produits sous perfusion (calmants et substitution alimentaire)
Moyenne

Deuxième nuit blanche ! J'estime avoir dormi à peu près le même temps que la nuit précédente... Je suis très fatigué et encore plus énervé, cela me rend mal à l'aise.

La gorge est toujours un peu enflammée, il n'est pas encore facile de parler distinctement, ceci est fatigant.

Quelle joie de pouvoir sentir un aliment dans sa bouche ! Première compote de fruits, j'ai mis la journée pour manger cette petite compote mais cela était tellement agréable. Petite pause TV pour se détendre.

Je commence à ne plus tenir en place allongé, je me redresse souvent (cela tire un peu sur la cicatrice mais c'est largement supportable), je me lève même pour la première fois pour m'asseoir sur le fauteuil dans ma chambre, mais je ne reste pas longtemps assis car ma tête tourne fortement et je sens mon coeur très lourd.

Je vais tenter d'expliquer cette sensation : avant l'opération mon esprit était focalisé sur tous les signes que pouvait déclencher mon coeur, à chacun de ces signes, mon corps "tirait la sonnette d'alarme" me forçant à me reposer permettant à mon coeur de se calmer. Une fois l'opération réalisée, je retrouve ces mêmes sensations de fortes palpitations, mais celles-ci sont maintenant normales : mon esprit les interprète encore comme des alarmes alors qu'en réalité, ce ne sont que des réactions normales de mon coeur "tout neuf", chaque sensation ressentie comme le stress, l'angoisse, ou toute émotion provoque ce sentiment étrange. Je dois réhabituer mon esprit et mon corps à mon nouveau coeur !

Dimanche 25

- Enlèvement de la perfusion
- Premiers exercices avec la kiné
- Surveillance cardiaque uniquement la nuit

Moyenne

Troisième nuit blanche ! J'ai l'impression d'avoir encore moins dormi, je suis exténué, je n'arrive pas à reposer mon esprit et je me sens très mal à l'aise, j'ai passé la nuit à ennuyer les infirmières de garde, et n'ai pas réussi à dormir malgré les calmants...

J'ai eu "des gaz" et je suis allé "à la selle", ce qui signifie que je suis capable de me nourrir de nouveau de manière normale, premiers plateaux repas timidement dégustés.

Je me lève deux ou trois fois dans la journée pour le plaisir de ne plus être dans mon lit mais je suis encore pas mal étourdi lorsque je suis debout ou assis dans mon fauteuil.

Samedi et Dimanche ont été deux journées intenses en émotions et en stress : il me suffisait de penser à un membre de ma famille ou à un ami, une personne à qui je tiens pour avoir une forte envie de pleurer, une émotion qui touche le plus profond de moi-même, en fait, mes nerfs étaient à bout.

Premiers exercices avec la Kiné, respiratoires uniquement, il faut reprendre le contrôle de sa respiration et de son coeur, ceci n'a rien d'évident, il faut changer complètement la manière dont nous écoutons et dirigeons notre corps, cette sensation est assez surprenante : avant mon opération, j'étais à l'écoute du moindre "appel" de mon coeur, afin de me reposer calmement dès que celui-ci se mettait à défaillir, or, avec ce "nouveau coeur", je le sens battre tellement fort dans ma poitrine que je dois habituer mon esprit à se dire que c'est normal !

Lundi 26

- ECG
- Enlèvement des électrodes
- Enlèvement du pansement de la cicatrice principale (sternum)
- Kiné
- Fin de la surveillance cardiaque

Légère

Première Nuit ! RRhhhhaaaa on dira ce que l'on voudra mais rien de tel qu'une bonne nuit de sommeil pour vous redonner force et moral !

On m'enlève les électrodes, ceci pour mon plus grand plaisir car on ne ressent aucune douleur. Je découvre ma cicatrice au sternum car le pansement est enlevé et la cicatrice reste maintenant à l'air libre, premier réflexe : aller dans la salle de bain la voir dans le miroir : magnifique, une oeuvre d'art, il n'en restera qu'un simple "trait blanc" le long du sternum ! Travail d'orfèvre.

Je prends mes repas dans mon fauteuil, ces deux choses cumulées sont impatiemment attendues, cela représente mes distractions de la journée.

Premiere promenade avec la kiné dans les couloirs de mon étage, la tête tourne un peu mais il est bon de pouvoir sortir de sa "cage".

Le chirurgien m'annonce que tout va pour le mieux et que je devrais sortir Vendredi si tout va bien.

Mardi 27

- Prise de sang
- ECG
- Echographie
- Radio des poumons
- Kiné

Légère

Deuxième bonne nuit de sommeil, finies les insomnies !

Quel bonheur de pouvoir se doucher à nouveau, sentir l'eau chaude couler sur soi est un plaisir unique, le genre de moment où l'on se sent redevenir un être humain.

Quelques étirements avec la kiné puis elle me recommande d'essayer de me promener le plus souvent possible.
Mercredi 28 - Kiné
Légère
Quelques promenades à l'étage, j'apprécie de plus en plus les plateaux repas (pas si mauvais que ça ;)
Jeudi 29 - Kiné
Légère

De moins en moins de fatigue, je ne suis plus étourdi, j'ai repris en main toutes mes fonctions motrices et tout va bien, j'ai hâte de sortir !

Le kiné me fait faire quelques exercices d'équilibre et me fait monter et descencdre des escaliers pour voir si je suis essouflé => tout va bien !

Vendredi 30 - Echographie
Presque nulle
Dernière échographie par le Professeur qui me suit régulièrement, tout est parfait, je SORS !

Afin de rassurer certaines personnes sur la taille infime de la cicatrice, j'ai souhaité mettre à disposition une photo, celle-ci peu également choquer certaines personnes, si toutefois vous souhaitez voir ma cicatrice photographiée 3 semaines après l'opération, cliquez ICI (en bas de la cicatrice principale se trouvent les deux petites cicatrices laissées par les drains).

Suite à cette opération, le programme a été pour moi le suivant :
- rester tranquillement chez moi pendant 3 semaines
- cure de rééducation dans un centre spécialisé pendant 7 semaines à raison de trois jours par semaine ( 20 séances au total). Voici les coordonnées du centre :

Institut de Rééducation Interdisciplinaire et Sportive
(Clinique I.R.I.S.)
271, rue de Sources
BP 22
69280 MARCY L’ETOILE
Tél : tél : 04.78.87.44.92 (secrétariat)
Fax : 04.78.87.44.95
E-mail : p.millet@gsante.fr